Une Petite Douleur (Harold Pinter)
Par une somptueuse matinée d’été toute imprégnée des odeurs de fleurs, Edouard et Flora prennent leur petit déjeuner. C’est le premier jour de l’été et tout semble devoir être agréable et heureux. Pourtant une guêpe intruse se glisse dans le pot de confiture. Il faut la tuer… Cette belle journée commence par un meurtre.
Une angoisse, d’abord sourde, puis de plus en plus violente, assaille Edouard. Une petite douleur à l’œil sans conséquence semble la déclencher. Mais non, ce n’est pas ce petit bobo qui le préoccupe mais bien la présence d’un marchand d’allumettes qui se tient depuis des semaines derrière la grille arrière de son jardin. Qui est-il ? Que vient-il faire là ? Pourquoi vend-il des allumettes sur un chemin que personne n’emprunte ?
Le marchand devient le support de toutes les angoisses refoulées d’Edouard qui l’observe avec terreur de la fenêtre de la maison donnant sur l’arrière du jardin. Il faut tirer cela au clair, le faire venir et lui parler. Mais l’homme se tait, Edouard ne tirera de lui que rires et larmes.
Harold Pinter, d’une situation quotidienne et banale, crée un univers singulier à la fois comique et étrange. La logique d’Edouard dérape face au mutisme du vieil homme. Point d’issue pour cet intellectuel enfermé dans son monde clos et cadenassé.
La pièce :
Durée : 1h15
Mise en scène : Giselle GRANGE
Comédiens : Valérie CRETOT, Bernard MEYER, Christophe VILLAIN
Le mot de la metteuse en scène :
Ma première expérience au théâtre fut sur un texte d’Harold Pinter.
Depuis cet auteur est toujours présent dans les choix de texte que je suis amenée à mettre en scène.
J’ai retrouvé dans ma bibliothèque « Une petite douleur », après l’avoir relu, je l’ai proposé aux comédiens qui ont de suite adhéré à ce choix.
Des personnages insaisissables, des situations qui se retournent, des lieux qui n’appartiennent qu’à eux-mêmes, du suspens tel un thriller qui n’en est pas un !
Que surtout rien n’est définitif, hormis ce que l’on croit.
Une petite douleur renferme tous ces ingrédients qui rendent ce texte succulent.
L’auteur :
Harold Pinter, né le 10 octobre 1930 et mort le 24 décembre 2008 à Londres, est un écrivain, dramaturge, scénariste et metteur en scène britannique. Il a écrit pour le théâtre, la radio, la télévision et pour le cinéma. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 2005.
Les créations de Pinter sont appréciées pour leurs recherches stylistiques, leur mélange de bouffonnerie et de noirceur et leur précision presque maladive. Elles renvoient généralement le théâtre à sa base élémentaire avec des dialogues qui basculent de manière inattendue et des pièces closes où les êtres sont livrés les uns aux autres. Le masque des convenances sociales tombe. La vacuité de la société bourgeoise est vite notifiée. Les personnages, fondamentalement imprévisibles, révèlent sans spectaculaire une faille ou une étrangeté dans leur identité, due à leur passé insaisissable qu’ils tentent vainement de reconstituer à travers des récits flous et contradictoires. Les êtres sont sans contour clairement dessiné. Ils semblent coupés de tout ancrage sociologique même s’il peut exister entre eux des liens sociaux ou familiaux ou qu’ils exercent parfois une profession permettant de les rattacher à un certain milieu. Cependant, ces éléments ne suffisent jamais à les caractériser entièrement.